Les requins baleines aux Maldives : Whales Shark Research Program
Plongée avec les requins baleines aux Maldives: le Whale Shark Reasearch program et le volontariat en bateau croisiere
En Janvier, lors de notre passage aux Maldives pour notre lune de miel a Denis et moi, j’avais été très déçue de ne pas avoir vu de requins baleines et de ne pas avoir fait de plongée sous-marine, moi qui suis passionnée de la mégafaune et qui adore la plongée.
Les requins-baleines : les plus gros poissons du monde, mal connus et menacés
Alors Denis a cherché en ligne une solution pour me remonter le moral – quel amour – et me permettre de rencontrer ces géants des mers. Il faut savoir que le requin baleine est une espèce menacée d’extinction (quelle espèce sauvage ne l’est pas aujourd’hui …) et un requin inoffensif pour l’homme considéré comme le plus grand poisson des océans. Cette magnifique créature marine se nourrit exclusivement de planctons et minuscules poissons et vit dans les profondeurs des océans, ne remontant à la surface que pour se réchauffer dans les eaux peu profondes.
La biologiste qui nous accompagnait sur l’expédition de Whale Shark Research Program (WSX) spécialisée en vie sous-marine et surtout passionnée des requins baleines nous a indiqué que ce poisson pouvait atteindre plus de 13 mètres de longueur et peser plus de 10 tonnes. Costaud le requin ! Et que l’on ne savait finalement que très peu de choses sur ce géant. On ne sait ni comment ils communiquent entre eux, ni leur rituel de reproduction, ni la période de gestation, au final, vraiment on ne connait que certains faits comme par exemple que le requin baleine possède une excellente ouïe, est doué d’intelligence, n’est pas ou peu capable de survivre en captivité (seul l’aquqrium de Georgia aux Etats-Unis sont parvenus a les garder en vie), n’est pas un animal migratoire mais peut voyager de grandes distances, peut plonger au-delà de 4km de profondeur et n’aime pas beaucoup les hordes de touristes qui l’entourent quand il remonte à la surface pour se reposer et se réchauffer.
Le tourisme des requins-baleines ; une machine à fric nuisible pour l’espèce?
En effet, le tourisme des requins baleines a explosé ces dernières années et rapporte plus de 9.4 millions de dollars aux Maldives et plus de 30 millions de dollars aux autres pays où il est possible de les rencontrer comme le Mexique ou les Philippines. Des touristes se précipitent des 4 coins du monde pour rencontrer ces magnifiques animaux et espérer pouvoir faire LE selfie qui les rendra populaire quelques instants sur les réseaux sociaux.
Alors évidemment, oui, je fais partie de ces touristes qui rêvent de voir un requin baleine et qui ont payé pour se rendre en bateau dans les zones dites de rencontres. Pour vous dire à quel point ce business est rentable, sur le lieu où nous étions censés trouver les requins baleines, 22 bateaux remplis de touristes, snorkelers ou plongeurs ou simple curieux, quand on sait que le bruit effraie les requins-baleines, c’est a se demander pourquoi ce tourisme n’est pas mieux régulé. Aucune réglementation, aucun contrôle. Sachant que les hélices de bateaux sont les premières causes de blessures sur les requins baleines et qu’il est assez difficile de les repérer puisqu’ils n’ont pas besoin de remonter a la surface pour respirer, les risques de les blesser juste pour pouvoir les voir, sont assez élevés.
Whales Shark Research Program : une première en format croisière-plongées
Alors oui, voir les requins baleines est un de mes rêves mais je voulais le faire d’une façon au moins utile à l’espèce et aider à les comprendre pour mieux les protéger. Denis me connaissant bien, trouva cette expédition, Whales Shark Research Programme (WSX) qui est en fait un programme de volontariat et nous y avons souscrit. 1 semaine sur un bateau avec 18 autres volontaires et 2 membres de l’association WSX, Rémi (caméraman) et Alex (biologiste). Cette association est basée au Royaume Uni et aux Maldives sur une ile proche de Dhigurah, lieu de rencontre le plus fréquent avec les requins baleines.
Pendant plusieurs années, l’unique volontariat possible avec WSX était sur l’ile de Dhigurah avec les locaux et des sorties en mer quotidiennes dans l’espoir de rencontrer les animaux. Cette année cependant, il a été décidé de proposer aussi ce volontariat en partenariat avec une entreprise locale Carpe Diem, qui propose d’ordinaires des croisières de plongée et/ou de surf entre les atolls des Maldives. Donc en tant que volontaires, nous resterions 1 semaine sur un bateau et circulerions entre les atolls afin de repérer des requins baleines et nous ferions aussi de la plongée pour collecter des informations nécessaires a la recherche scientifique sur l’état sous-marin des Maldives.
PHOTO SONTEK
Entre autres, nous étions chargés de collecter les excréments des animaux pour déterminer la présence de micro plastiques, de plonger un appareil appelé CTD (Sontek 3005) à chaque sortie en mer afin d’analyser la salinité, la température de l’eau et qui envoie les données à l’université de Washington pour analyser l’impact du réchauffement climatique dans les eaux maldiviennes et notre ultime tache fut de prendre un maximum de photos sous-marines des animaux tels que les tortues, raies, requins baleines afin de les identifier et d’analyser leurs trajectoires. D’ailleurs l’association a mis en place une application téléchargeable sur app store (et apparemment bientôt sur Android aussi), appelée Big Fish Network qui collecte les photos prises par des individus autour du monde d’animaux comme les requins baleines et les raies mantas et les identifie pour constituer une base de données permettant de mieux les comprendre et de les protéger.
D’ailleurs si vous souhaitez participer, prendre une photo qui permet de les identifier pour les raies mantas, et la télécharger sur Big Fish network, voici les parties concernées.
Photo papier recherche
Une croisière qui s’amuse mais qui désabuse
Une expédition donc à but scientifique, mais largement combinée à un séjour touristique, avec pension complète à bord et cabines confortables sur un yacht, plongées quotidiennes (jusqu’à 3 par jour) et bain de soleil aux heures vacantes. C’était la première tentative de WSX en mode croisière, donc peut-être était-ce pourquoi nous avons ressenti que le séjour était plus contrôlé par l’entreprise propriétaire du bateau (Carpe Diem) que par l’association elle-même. Par exemple l’itinéraire. Nous savons que les requins baleines sont présents toute l’année aux Maldives dans l’atoll de South Ari – des données de recherche statistiques. Pourtant la croisière nous a dirigé vers des atolls ou nous savions que les choses des rencontrer des requins baleines étaient quasi nulles.
Quand vous savez que vos chances de voir un animal et de l’étudier se situent en un point A de la carte, pourquoi se balader au point B et C et ainsi de suite ? Du coup résultat des courses : sur une expédition de 7 jours en mer normalement dédiée aux requins baleines, nous n’en avons pas vu 1 seul. Quand on paie plus de 2000 euros l’expédition par personne, ça reste un peu en travers de la gorge. Certes, nous avons vu d’autres animaux comme des raies mantas ou des tortues, nous avons mesuré la salinité de l’eau et sa température, nous avons essayé de collecter des excréments – sans succès. Mais pas de travail scientifique, pas vraiment de participation à une recherche approfondie sur les requins baleines, rien qui ne puissent vraiment sembler être autre chose qu’une croisière touristique hors de prix. Denis et moi avions toujours voulu tenter le volontariat, malgré les prix exorbitants, nous savions que c’était pour de bonnes raisons et nous étions heureux de pouvoir participer de cette façon. Mais là, il nous a vraiment semblé que nous n’avions servi qu’à remplir le bateau de Carpe Diem avec un soi-disant but de recherche scientifique. Décevant. Vraiment décevant. Mais plus à imputer à l’équipe de Carpe Diem qui ne s’est pas montrée trés flexible.
Et pour couronner le tout, les expériences de plongée furent elles aussi décevantes à l’exception peut-être de 2 ou 3 plongées sympas, le reste du temps les plongées étaient franchement sans grand intérêt. Nous n’avions aucune visibilité, nous n’avions qu’un instructeur pour un groupe de 8 personnes, dans des conditions souvent dangereuses avec des courants marins forts et des courants de récifs descendants, des personnes de tout âges et conditions physiques dans le même groupe… pour vous dire, il nous est souvent arrivé de perdre des plongeurs en cours de route ou plutôt de nage. Les plongées étaient relativement difficiles et nous n’avons pas vu énormément de choses. Et de surcroit, les conditions météorologiques étaient vraiment mauvaises dans certaines parties du pays.
Somme toute, comme première expérience, a un prix aussi élevé nous avons été déçus. Une équipe certes très sympa mais relativement jeune et assez inexpérimentée, un itinéraire imposé pour des raisons pratiques et non scientifiques, et une empreinte carbone bien trop élevée pour les bénéfices observés (en comptant l’avion et le yacht de croisiere!) dans la conservation ou la recherche. En plus sur 20 personnes, 3 végétariennes seulement.
Je n’avais pas prévu de revenir aux Maldives (voir article sur les resorts aux Maldives) si cela n’avait été dans un but de conservation des requins baleines ou des mantas ou autres vie marine, et cette expédition fut l’unique raison de notre retour aux Maldives et bien que je ne regrette pas le séjour, il nous reste une note amère dans la bouche. Donc au final, privilégiez la version de ce volontariat sur terre ferme à Dhigurah et non en croisiere. Vous aurez surement plus de chances d’observer et d’étudier les requins baleines!
Notre conseil éco+: Et n’oubliez pas que si vous partez plonger ou snorkeler, toujours mettre de la crème minérale biodégradable afin d’éviter d’empoisonner les océans!
Cet article est disponible en English (Anglais)