Nous avons voulu en savoir plus sur le développement du tourisme responsable dans l'industrie du tourisme. Le WTM ou World Trade Market 2016 à Londres était l'occasion parfaite.

Le World Travel Market London ou WTM à Londres est l’une des plus grosses expositions du tourisme mondial juste après l’IBT à Berlin. Chaque pays possède son stand, dont la taille dépend largement du budget que les offices de tourisme possède. Cette exposition permet surtout aux agences de voyages, tours opérateurs et office du tourisme de conclure des contrats pour déterminer les futurs partenariats. Je m’y suis rendue sans Denis, en tant que « Presse », car quand vous êtes blogueur, c’est le statut que vous obtenez, au même titre que des revues telles que National Geographic ou encore Guardian. La classe non ? Enfin si on veut car en réalité, des centaines d’autres blogueurs participent eux-aussi à la conférence, ce qui noie un peu le poisson dans l’eau. Cette exposition est gratuite et possède l’avantage de vous permettre de voyager d’un pays à l’autre sans changer de hall. En tant que professionnel de l’industrie ou blogueur, vous pouvez de ce fait réseauter facilement à chaque stand.

wtm londres 2016 world travel market londres

Pour moi, c’était l’occasion d’essayer de me faire des contacts dans le monde du tourisme responsable, agences de voyages, offices du tourisme souhaitant promouvoir le tourisme d’aventure et de nature, j’essayais de me concentrer sur des partenaires potentiels qui pourraient bénéficier de promotion tandis que moi je pouvais bénéficier de leurs connaissances et de leur propre public. Il faut savoir que le WTM a lancé il y a 20 ans, la journée du tourisme responsable qui a lieu durant l’exposition et qui permet de mieux comprendre les défis du tourisme pour la planète.

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Saviez-vous par exemple qu’il y avait déjà près de 1.4 milliards de touristes internationaux sillonnant le monde en 2015 ? Et que ce chiffre ne faisait qu’augmenter ? D’ici à 2025, avec l’essor du tourisme chinois et indien, nous pourrions être près de 2 milliards sans compter le tourisme domestique !  Il faut donc évidemment trouver des plans de développement durable tant pour les humains que pour la planète.

Il semble donc de plus en plus évident chaque année de trouver de nouvelles stratégies pour faire en sorte que le tourisme devienne massivement plus responsable. Et oui, un tourisme de masse responsable, c’est possible. Certains endroits subissent déjà le contrecoup de leur popularité comme l’Islande, qui a du mal à répondre à la demande massive constamment en hausse. Et surtout à protéger son environnement de l’afflux de touristes et ses attractions sur-fréquentées. Imaginez-vous flotter dans le Lagon Bleu entouré de milliers de personnes ? Pas idéal comme image d’un bain relaxant et bienfaisant …

Donc 2017 a été placée par l’Organisme des Nations Unies sous le signe de la durabilité. Il faut que des mesures soient prises pour que les destinations tout comme les prestataires de service, deviennent plus responsables. Que la croissance du tourisme bénéficie à l’économie locale et aux communautés, que l’abondance de touristes ne nuise pas aux lieux d’exceptions qui sont l’argument de vente des destinations, et qu’enfin, le tourisme ne soit pas concentré uniquement au niveau de certains endroits mais s’équilibre au sein même des pays. Tant de défis que l’industrie touristique semble sceptique à relever d’après ce que j’ai pu observer.

En effet, le WTM compte environ 51,000 participants, professionnels de l’industrie. A votre avis, combien ont participé aux conférences de tourisme durable ? Combien de stands du WTM proposait une approche touristique responsable ? Je dirai moins de 5%. Même le centre des expositions Excel accueillant le WTM London, malgré les poubelles de recyclage, continuait de proposer des bouteilles en plastique, pailles, immenses quantités de papier et magazines et sac plastiques. Pas du tout « responsable » à mon sens, surtout quand on dit organiser la plus grande journée mondiale du tourisme responsable.

Le tourisme responsable reste une niche, et pourtant, il serait grand temps que cela devienne la tendance principale. Mais bien que ce soit aux voyageurs de bien choisir, c’est à l’industrie de mieux proposer. Le touriste ou voyageur, cherche avant tout à se détendre, à vivre des moments uniques lors de ses vacances. Il ne cherche pas à être « responsable ». C’est pour cette raison que l’industrie se doit d’innover, de transformer le terme responsable en quelque chose de plus ludique et de plus sensationnel. Oui j’essaie de réduire ma consommation plastique pour sauver la vie marine, mais à quel moment puis-je ressentir le bienfait de ce que j’accomplis ? Tel est le dilemme du voyageur responsable pour qui les problématiques de développement durable peuvent sembler éloignées et ne le concernant pas vraiment. Le professeur Xavier Font, spécialiste du tourisme durable, explique lors d’une des conférences du WTM que l’industrie doit innover et trouver des manières créatives d’intéresser les touristes sans les blâmer ou les culpabiliser.

wtm londres 2016 tourisme responsable

Il est vrai que peu d’entre nous choisissent un hôtel selon ses critères écologiques et soyons honnête, le principal critère de recherche de nos vacances commence par le budget. Combien parmi nous ne choisissent que des hôtels éco-responsables ? combien parmi nous choisissent une agence de voyage pour ses actions auprès des communautés locales ? Le terme de « responsable » contredit le terme « vacancier » : en vacances tout le monde veut oublier ses responsabilités. C’est pour cela qu’il faut que le mouvement vienne de l’offre car malheureusement, si l’on en croit les tendances du tourisme responsable, encore trop peu de touristes songent à la planète ou aux communautés lorsqu’ils partent en vacances. A titre d’exemple, seuls 4% des vols sont compensés dans le monde.

La demande d’un tourisme responsable n’existe donc pas réellement, si j’en crois ce que j’ai entendu et vu. Par contre, les touristes s’attendent à ce que leurs vacances soient de qualité hors cela va souvent de pair avec environnement et expérience. Un environnement propre, une communauté prête à partager avec les touristes et une vie animale présente, peuvent faire la différence dans les choix d’une destination plutôt qu’une autre.

Donc à nous touristes, voyageurs, d’essayer de choisir nos prestataires et pays au mieux pour pouvoir profiter pleinement de nos séjours sans nuire localement car à la fin, nous sommes tous responsables d’au moins une chose en vacances, nos choix.

wtm london 2016 responsible tourism day awards

Voici les gagnants de cette année dans différentes catégories du tourisme responsable récompensé lors du WTM. Cette année responsibletravel.com a partagé les gagnants selon 5 catégories:

  • La meilleure contribution à la conservation de la vie sauvage : Gagnant: Sam Veasna Center (préservation d’espèces uniques d’oiseaux au Cambodge) Nominés: Sam Veasna Center, Misool EcoResort (centre de plongée et de conservation d’espèces en Indonésie), East African Safari & Touring Company (offers safaris in Tanzania) et l’aquarium de Burj Al Arab à Dubaï (turtle rescue center program)
  • La meilleure campagne pour promouvoir le Tourisme Responsable: Gagnant: ChildSafe Movement Nominés: Childsafe Movement (protection de l’enfance contre le tourisme d’orphelinats) et World Cetacean Alliance (conservation et protection des cétacés)
  • La meilleure innovation « responsable » par un tour opérateur : Gagnant: Elevate Destinations Nominés: Elevate Destinations (achète un tour, un tour offert pour un enfant n’y ayant pas accès) et Viaggi Solidali (même principe)
  • Le meilleur hôtel pour son traitement responsable des employés: Gagnant: Lemon Tree Hotels Nominés: Lemon Tree Hotels (embauche des personnes avec un handicap, chaîne d’hôtels en Inde) et Bushmans Kloof Wilderness Resorts (projets de conservation, emploi de locaux exclusivement en Afrique du Sud)
  • La meilleure initiative pour la réduction de la pauvreté et l’inclusion sociale: Gagnant: Tren Ecuador Nominés: Tren Ecuador (restauration de la ligne de chemin de fer reliant Quito à des communautés plus éloignées, emploi de locaux), !Xaus Lodge (écolodge en Afrique du Sud s’employant à faire bénéficier les locaux de revenus soutenables liés à l’activité du lodge) et Sapa O’Chau (un tour opérateur essayant d’aider les communautés locales au VIetnam Sapa)

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